Mésopotamie
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1 . Périodes
On décompose l'histoire de la Mésopotamie antique en plusieurs périodes :
- Période d'Uruk récent (3400-2900) : début de l'écriture
- Période des Dynasties archaïques (2900-2340) : cités-états de Basse-Mésopotamie
- Période d'Akkad (2340-2180) : Empire d'Akkad
- Période néo-sumérienne (2180-2004) : seconde dynastie de Lagash et Troisième Dynastie d'Ur
- Période paléo-babylonienne (ou amorrite) (2004-1595) : époque des dynasties amorrites (Isin-Larsa, Mari, Royaume de Haute-Mésopotamie, première dynastie de Babylone)
- Période médio-babylonienne (terminologie non fixée) (1595-c.1080) : royaume kassite à Babylone, royaume médio-assyrien
- Période néo-assyrienne (911-609)
- Période néo-babylonienne (625-539)
- Période achéménide (539-331)
- Période séleucide (331-140)
- Période parthe (140 av. J.-C.-224 ap. J.-C.). Intermède romain (116-117) puis conquête romaine définitive de la Mésopotamie du Nord en 195-198
C'est la période des cités-états de sumériennes et « akkadiennes » (bien que Akkad ne soit pas encore une réalité concrète). Elle dure d'environ 2900 av. J.-C., jusqu'en 2340, date de l'unification de la région par Sargon d'Akkad. Comme son nom l'indique, cette époque est caractérisée par l'existence d'États encore peu développés, mais dont les structures se consolident au cours de la période, jusqu'à la constitution du premier empire de la région qui marque sa fin
- Statuette féminine, blanche et trapue, trouvée vers -6000 dans une tombe.
- Naissance de l’écriture : nombreuses tablettes et cônes.
- Stèle des vautours : -2450 Silex et canine d'hippopotame. La lame en silex a été rajoutée à une date récente.
Stèle érigée par le roi de Lagash dans le pays de Sumer pour commémorer sa victoire. Un des premiers documents historique parvenu jusqu’à nous.
Partiellement reconstituée à partir de plusieurs fragments trouvés dans les vestiges de la cité sumérienne de Girsu, cette stèle de victoire constitue le plus ancien document historiographique connu. Une longue inscription en langue sumérienne fait le récit du conflit récurrent qui opposait les cités-États voisines de Lagash et Umma, puis de la victoire d'Eannatum, roi de Lagash. Son triomphe est illustré avec un luxe de détails par le remarquable décor en bas-relief qui couvre les deux faces
Un document historique exceptionnel
Malgré sa conservation lacunaire, cette stèle de grande taille, sculptée et inscrite sur ses deux faces, est un monument d'une valeur incomparable puisqu'il s'agit du plus ancien document historiographique connu. Les fouilles du site de Tello permirent d'en retrouver plusieurs fragments disséminés parmi les vestiges de l'ancienne cité sumérienne de Girsu. Cette stèle commémore, par le texte et l'image, une importante victoire remportée par le roi de Lagash, Eannatum, sur la cité voisine d'Umma. Les deux villes entretenaient en effet un état de guerre récurrent à propos de la délimitation de leur frontière commune, à l'image de ce que pouvaient être les relations entre cités-États à l'époque des dynasties archaïques.
Petit-fils d'Ur-Nanshe et fondateur de la Ière dynastie de Lagash, Eannatum régna vers 2450 av. J.-C. et conduisit sa cité-État à l'apogée de sa puissance. L'inscription gravée sur La Stèle des vautours, d'une ampleur remarquable bien qu'il n'en subsiste qu'une petite moitié, exalte les triomphes d'un souverain placé dès sa naissance sous la protection divine. Nourri au lait de la déesse Ninhursag et tenant son nom de la déesse Inanna, c'est du dieu Ningirsu lui-même qu'il reçut la royauté de Lagash. Assuré du soutien des divinités par un songe prophétique, Eannatum va s'engager avec fermeté dans la lutte contre Umma afin d'imposer son contrôle sur le Gu-edina, territoire frontalier enjeu de la rivalité entre les deux cités.
"Moi Eannatum, le puissant, l'appelé de Ningirsu, au pays [ennemi], avec colère, ce [qui fut] de tout temps, je le proclame ! Le prince d'Umma, chaque fois qu'avec ses troupes il aura mangé le Gu-edina, le domaine bien-aimé de Ningirsu, que [celui-ci] l'abatte !".
La narration de la campagne militaire contre Umma est illustrée de manière spectaculaire par des représentations figurées, sculptées dans le champ de la stèle selon une disposition traditionnelle en registres. Elles offrent ici la particularité d'être réparties sur chacune des deux faces en fonction de leur perspective symbolique. L'une des faces est ainsi consacrée à la dimension "historique" et l'autre à la dimension "mythologique", la première rendant compte de l'action des hommes et la seconde de l'intervention des dieux. Détermination humaine et protection divine se conjuguent ainsi pour conduire à la victoire.
La face "historique"
La face dite "historique" montre, au registre supérieur, le souverain de Lagash marchant à la tête de son armée. Eannatum est vêtu de la jupe à mèches laineuses appelée kaunakès, recouverte partiellement par une tunique en laine passant sur l'épaule gauche. Il porte le casque à chignon, apanage des hauts personnages. Les soldats, casqués eux aussi et armés de longues piques, s'avancent en formation serrée, se protégeant mutuellement derrière de hauts boucliers rectangulaires. L'armée de Lagash triomphante piétine les cadavres des ennemis qu'une nuée de vautours a commencé à déchiqueter, scène dont la stèle tire son nom. L'inscription proclame :
"Eannatum frappa Umma. Il eut vite dénombré 3 600 cadavres [...]. Moi Eannatum, comme un mauvais vent d'orage, je déchaînai la tempête !".
Au deuxième registre est représenté ce qui semble constituer le défilé de la victoire. Les soldats marchent alignés sur deux colonnes derrière leur souverain monté sur un char. Ils tiennent leur pique relevée et la hache de guerre à l'épaule. Eannatum brandit lui aussi une longue pique ainsi qu'une harpé à lame courbe, une arme d'apparat. Il se tient debout sur un char à quatre roues pourvu d'un haut tablier frontal duquel émergent des javelots rangés dans un carquois.
Le troisième registre, très fragmentaire, illustre les cérémonies funéraires qui viennent clôturer l'engagement militaire. Pour ensevelir les cadavres amoncelés de leurs camarades, les soldats de Lagash gravissent une échelle en portant sur la tête un panier rempli de terre. Des animaux, dont un taureau couché sur le dos et ligoté, sont prêts à être immolés tandis que l'on accomplit une libation au-dessus de grands vases porteurs de rameaux végétaux.
La face "mythologique"
La face dite "mythologique" illustre l'intervention divine qui offre la victoire à Eannatum. Elle est dominée par la figure imposante du dieu Ningirsu, protecteur de la cité-État de Lagash. Celui-ci tient les troupes ennemies emprisonnées pêle-mêle dans un gigantesque filet et les frappe de sa masse d'armes. Instrument de combat par excellence du dieu, le filet est tenu fermé par l'emblème d'Imdugud, l'aigle à tête de lion, attribut de Ningirsu, qui est représenté les ailes déployées et agrippant deux lions dans ses serres.
Le reste de la face "mythologique", très lacunaire, semble évoquer la présence aux côtés du dieu triomphant d'une déesse, sans doute Nanshe, l'épouse de Ningirsu, également associée à l'aigle léontocéphale. Le registre inférieur laisse entrevoir le dieu sur un char, en compagnie de la même déesse.
L'inscription, après avoir glorifié l'action victorieuse d'Eannatum, fait une large place aux serments prêtés par les deux souverains devant les grandes divinités du panthéon. Ayant réintégré le Gu-edina au sein du territoire de Lagash, Eannatum délimite avec Umma la frontière, sur laquelle est érigée une stèle. Mais la réussite du projet humain ne peut s'accomplir que par faveur divine ; c'est donc elle qui est invoquée afin de garantir la pérennité du nouvel ordre des choses : "Que jamais l'homme d'Umma ne franchisse la frontière de Ningirsu ! Qu'il n'en altère pas le talus et le fossé ! Qu'il n'en déplace pas la stèle ! S'il franchissait la frontière, que le grand filet d'Enlil, le roi du ciel et de la terre, par lequel il a prêté serment, s'abatte sur Umma !".
- Ebih-il, l’intendant
De nombreux fidèles ont déposé des statues à leur effigie dans les temples de Mari, perpétuant ainsi leur prière devant la divinité. Ces statues d'orants et d'orantes les représentent, la plupart du temps, les mains jointes et vêtus d'un vêtement appelé kaunakès. La statue de l'intendant Ebih-il est, sans conteste, un chef-d'oeuvre par la qualité de son exécution, par son état de conservation et par le caractère expressif de son style
Le chef-d'oeuvre de la sculpture de Mari
Les fouilles menées dès 1933 par André Parrot sur le site de Mari, en Syrie ont permis de mettre au jour des temples consacrés à différentes divinités (Ishtar, Ishtarat, Ninizaza...), datant des environs du milieu du IIIe millénaire av. J.-C. La statue de l'intendant Ebih-il a été découverte dans le temple de la déesse Ishtar virile, premier sanctuaire fouillé à Mari. De ce dernier provient une autre statue de la même période représentant le roi Lamgi-Mari, dont l'inscription permit d'identifier Tell Hariri comme étant le site de l'ancienne Mari.
Ebih-il est assis sur un tabouret en vannerie. Il est torse nu et porte une jupe longue de kaunakès, vêtement fait d'une peau de mouton ou de chèvre ou encore d'un tissu imitant par ses longues mèches la toison de l'animal. Le kaunakès était aussi bien porté par les hommes que par les femmes. La manière dont sont traitées les mèches laineuses du kaunakès d'Ebih-il, ainsi que la présence d'une queue à l'arrière de ce vêtement, confirment bien qu'il s'agit d'un vêtement en peau d'animal, rendu ici avec un réalisme rare. Notre personnage a le crâne rasé et arbore une longue barbe qui devait être incrustée dans un autre matériau. Seuls les yeux ont conservé leurs incrustations de coquille et de lapis-lazuli enchâssés dans une monture de schiste, l'ensemble étant maintenu par du bitume.
Le lapis-lazuli, provenant d'Afghanistan, témoigne des relations établies sur de longues distances, dès cette époque ancienne au Proche-Orient. L'albâtre translucide, parfaitement poli, dans lequel cette oeuvre est façonnée, donne beaucoup de subtilité au modelé du buste. Au dos de la statue se trouve une inscription qui identifie l'oeuvre : "Statue d'Ebih-il, l'intendant, à Ishtar virile (Ishtar, déesse de la Guerre) il a voué".
Les statues d'orants
Les statuettes d'orants étaient destinées à être déposées dans les temples, vouées à leurs divinités tutélaires. L'attitude des mains jointes, la plus fréquente, est interprétée comme celle de la prière et visait sans doute à perpétuer l'acte de dévotion dans le temple. Le personnage peut également tenir dans ses mains un gobelet, comme sur les reliefs perforés figurant une scène de banquet, également déposés dans les temples. Ce type de statuaire, inauguré à l'époque des dynasties archaïques (essentiellement aux phases II et III, soit vers 2800-2340 av. J.-C.), perdurera aux époques postérieures et les nombreuses statues représentant le prince Gudea de Tello (musée du Louvre) illustrent ce phénomène. Malgré des variantes, les représentations d'orants répondent à un même schéma. Elles figurent le fidèle, homme ou femme. La plupart sont en pierre, mais il existe aussi des exemplaires en métal. Leur hauteur varie de quelques centimètres à plus d'un mètre ; la statue d'Ebih-il mesure 52 cm. Les personnages peuvent être représentés debout ou assis.
Certaines statues portent des inscriptions qui permettent d'identifier les personnages représentés et de les faire revivre dans leur fonction. A Mari, ces inscriptions ne concernent que les hommes, les femmes restant toutes anonymes. Ces hommes et ces femmes appartenaient aux niveaux supérieurs de la hiérarchie sociale : ils possédaient de hautes fonctions dans l'administration de l'état ou de la cour (intendants, officiers, chefs du cadastre, scribes, échansons...), ou bien pouvaient faire partie du clergé (telles les prêtresses représentées par la statuaire féminine de Mari), ou bien encore appartenir à des couches aisées de la société (marchands).
L'empire d'Akkad est avant tout l'œuvre d'un homme, passé à la postérité dans l'histoire de la Mésopotamie : Sargon d'Akkad. Mais à cette période, le roi le plus puissant est Lugal-zagezi d'Umma, qui règne depuis la cité d'Uruk. Sargon réussit à le vaincre, et soumet toute la Basse-Mésopotamie. Mais il instaure un changement : alors que les anciens souverains victorieux se contentaient d'une suzeraineté sur les autres rois de la région, il décide d'annexer chacune des vieilles cités-États de Sumer et d'Akkad dans un vaste royaume qui a pour centre une ville qu'il élève au rang de capitale, Akkad. C'est une véritable révolution dans l'histoire de la Mésopotamie.
- Stèle de la victoire de Naram Sim
Oeuvre majeure témoignant de l'art impérial de la dynastie d'Akkad, cette stèle de victoire célèbre le triomphe du roi Narâm-Sîn sur les montagnards Lullubi. Le souverain akkadien conduit ses troupes sur les pentes escarpées du pays ennemi, écrasant impitoyablement toute résistance. La marche victorieuse du conquérant se double de l'ascension personnelle d'un souverain qui se veut désormais l'égal des dieux.
Le butin des rois d'Elam
Cette stèle de victoire, de grandes dimensions et d'une qualité exceptionnelle, sculptée dans un calcaire rose, n'a pas été retrouvée en Mésopotamie, mais sur le site iranien de Suse. Elle y avait été emportée au XIIe siècle av. J.-C. par le roi élamite Shutruk-Nahhunte, parmi l'important butin amassé lors de la campagne victorieuse qu'il mena en Babylonie. Celui-ci a alors fait ajouter à l'inscription cunéiforme primitive, une autre, dédiée à sa propre gloire, dans laquelle il indique qu'il emporta la stèle à la suite du pillage de la ville de Sippar.
Narâm-Sîn et l'apogée de l'empire d'Akkad
Le texte d'origine, rédigé en akkadien, révèle que l'érection de cette stèle était destinée à célébrer la victoire du roi d'Akkad Narâm-Sîn sur les Lullubi, un peuple montagnard de la région du Zagros central. Narâm-Sîn était le petit-fils de Sargon, le fondateur de l'empire d'Akkad, qui, pour la première fois, avait unifié l'ensemble de la Mésopotamie à la fin du XXIVe siècle av. J.-C. Narâm-Sîn régna après son oncle Rimush et son père Manishtushu, ce qui en fait le quatrième souverain de la dynastie. La liste royale sumérienne lui attribue trente-six années de règne, entre 2254 et 2218, et si aucun document contemporain ne permet de confirmer une telle durée, il semble toutefois avoir conduit le pouvoir impérial d'Akkad à son apogée.
Une victoire sur les peuples montagnards
L'éclat du règne de Narâm-Sîn transparaît dans la réalisation de cette stèle, destinée à commémorer la victoire qu'il remporta sur Satuni, roi des Lullubi. Pour la première fois, le sculpteur a renoncé à la traditionnelle division en registres superposés, pour présenter une composition unifiée et dynamique, construite autour de la figure magnifiée du souverain.
L'armée d'Akkad gravit les pentes escarpées des monts du Zagros, où vivent les Lullubi. Cette marche ascendante balaie toute résistance, et, à droite d'une ligne d'arbres s'accrochant au flanc de la montagne, des ennemis vaincus manifestent une attitude de soumission. Ceux qui ont été tués sont foulés aux pieds par les soldats akkadiens, ou tombent dans le précipice. Ces montagnards sont vêtus d'une tunique de peau et portent une longue coiffure rejetée vers l'arrière.
La composition est dominée par la haute figure du roi, vers lequel convergent tous les regards, ceux des soldats akkadiens comme ceux de leurs ennemis Lullubi. Le souverain triomphant, représenté comme le veut la tradition avec une taille supérieure à celle des autres hommes, conduit son armée à l'assaut de la montagne. Il est suivi des porteurs d'enseignes, précédant les soldats casqués et armés d'arcs et de haches. Narâm-Sîn foule aux pieds les cadavres de ses ennemis, tandis qu'un Lullubi agenouillé tente d'arracher la flèche qui lui transperce la gorge. Un autre porte les mains devant sa bouche, implorant la grâce du souverain akkadien.
Mais c'est vers le sommet de la montagne qu'est tourné le regard du conquérant. Au-dessus de Narâm-Sîn, des disques solaires semblent faire rayonner vers lui leur protection divine, tandis qu'il s'élève à leur rencontre. Armé d'un grand arc et d'une hache, le souverain akkadien porte un casque conique qui a la particularité d'être orné de cornes, un symbole qui est traditionnellement l'apanage des divinités.
L'ascension victorieuse ciselée dans la pierre évoque ainsi celle d'un souverain qui se veut l'égal des dieux. C'est pourquoi Narâm-Sîn, dans ses inscriptions officielles, fait précéder son nom du déterminatif divin. Il a donné aux frontières de l'empire leur plus grande extension, depuis Ebla en Syrie jusqu'à Suse en Elam, et conduit son armée "là où aucun autre roi n'était allé avant lui". Et c'est désormais en monarque universel qu'il se présente, ainsi que le proclame sa titulature de "Roi des Quatre Régions", c'est-à-dire de la totalité du monde.
L'empire d'Akkad s'effondre vers 2200. Lagash retrouve alors son indépendance, et une nouvelle dynastie est fondée par Ur-Ningirsu Ier. Il ne s'agit cependant pas d'une dynastie au sens propre du terme, puisque les souverains ne semblent pas être des membres de la même famille.
Cette période est dominée par la figure du roi Gudea, qui règne vers 2120.
Gudea prince de Lagash : Nombreuses statues en diorite. Toujours mains jointes drapé dans in tissu mince avec un bonnet à haut bord (laine ou fourrure) qui est la coiffure royale. Visage idéalisé : sourcils en « arrête de poisson ».
- Dédiée au dieu Ningishzida: petite mais complète
Prince du royaume indépendant de Lagash à la fin du IIIe millénaire, Gudea est connu pour sa piété et son intense activité de bâtisseur de temples. Cette statuette constitue le seul exemplaire complet d'une série de représentations en diorite de ce prince, alternativement debout ou assis. Une inscription gravée sur le pagne indique qu'elle était consacrée au dieu Ningishzida
Une statue de Gudea complète
Cette statue provient des fouilles de Tello (ancienne Girsu), capitale du royaume de Lagash, d'où elle fut exhumée en deux temps : E. de Sarzec trouva la tête en 1877 ; le Capitaine Cros, son successeur, découvrît le corps en 1903. Les fouilleurs français possédaient alors bon nombre de ces statues en diorite, au corps massif, représentant un personnage tantôt assis, tantôt debout. Aucune d'entre elles n'était cependant complète : les corps étant acéphales, les têtes isolées. C'est à L. Heuzey qu'il revint d'assembler les deux fragments de notre statue, la première et seule représentation complète de ce prince que l'inscription gravée sur son pagne a permis d'identifier comme Gudea, patesi de Lagash vers le milieu du XXIIe siècle av. J.-C.
Gudea, prince de Lagash
Le règne de Gudea, ainsi illustré par cette série de représentations, est par ailleurs relativement bien connu. Suite à la chute de la domination d'Agadé, des cités du Sud mésopotamien établirent des dynasties indépendantes : Gudea succéda à son beau-père Ur-Ba'u, fondateur de la seconde dynastie de Lagash. Il se consacra à l'édification de temples pour les grands dieux de Girsu : Ningirsu et Nanshe, Ningishzida et Geshtinanna. La statuaire correspondant à son règne, surtout constituée de ses propres représentations, est empreinte de cette piété qui contraste avec les thèmes belliqueux de l'art de la période akkadienne. Ainsi, l'inscription que porte la statuette la consacre au dieu Ningishzida, dont on sait par ailleurs qu'il était patron personnel de Gudea ; elle énumère ensuite les temples édifiés par le prince en terminant par le sanctuaire du même Ningishzida construit dans le centre le plus ancien de la cité, où était érigée notre statuette.
Une représentation royale
Coiffé d'un turban royal orné de bouclettes stylisées, le visage glabre de Gudea est calme et souriant ; ses yeux en amandes sont dominés par de grands sourcils conventionnellement figurés en arêtes de poissons. Il porte un manteau drapé et orné de franges, déjà connu de la période akkadienne, laissant apparaître un bras à la musculature marquée ; ses mains sont jointes en signe de piété. L'attitude tranquille et puissante du prince est renforcée par l'aspect sombre de la diorite, commune à toutes ses représentations. Cette pierre possédait déjà une connotation régalienne aux époques précédentes, et l'on sait par un texte que Gudea, soucieux de la pérennité de l'oeuvre, en imposait lui-même l'emploi, l'important à grands frais de la région du Golfe. Les proportions, enfin, étonnent par leur fantaisie : la tête, du fait de l'absence de cou, semble démesurée et engoncée dans un corps trop petit. L'indéniable qualité de la facture excluant par ailleurs l'hypothèse d'une maladresse de l'auteur, il faut voir dans cette singulière silhouette une tradition sculpturale propre à l'époque ou encore le résultat d'une contrainte technique liée à l'utilisation de blocs de pierre à l'état naturel
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- Statue acéphale, l’Architecte au plan : grande mais sans tête. Son nom vient du plan du temple gravé sur ses genoux.
Gudea a fait réaliser de nombreuses statues en dure diorite le représentant, debout ou assis, devant les divinités de Lagash, dont il construisit ou restaura les temples. Cette statue, dite L'Architecte au plan, est consacrée à Ningirsu, le grand dieu du panthéon de l'Etat de Lagash. Remarquable à divers titres, elle personnifie le prince comme l'architecte de son temple, l'Eninnu, qui est vraisemblablement figuré sur le plan posé sur ses genoux.
Un monument d'un intérêt exceptionnel
Gudea est représenté grandeur nature, assis conventionnellement sur un tabouret, aux pieds évasés réunis par deux traverses supportant l'assise du siège. Le prince est pieds nus, les mains jointes en signe d'attention à la divinité. Il est vêtu du long manteau princier à bord frangé, couvrant d'un pan le bras gauche, (l'autre pan étant ramené sous le bras droit), puis rentrant dans l'encolure en formant des plis. Parmi les nombreuses statues dédiées par Gudea, cette oeuvre est d'un intérêt exceptionnel par la qualité de la pierre et de la sculpture, ainsi que par la présence, sur les genoux du prince, d'une tablette portant un plan d'architecte gravé. La tablette accueille aussi un stylet, une règle graduée et une inscription - unique par sa longueur et son contenu - qui la recouvre presque entièrement.
Le prince constructeur de temple
Cette statue personnifie le prince comme l'architecte du temple du grand dieu du panthéon de l'Etat de Lagash. Ceci rappelle Ur-Nanshé, prince de Lagash, qui était déjà figuré en porteur du couffin de briques sur un bas-relief perforé du milieu du IIIe millénaire av. J.-C., aujourd'hui conservé au musée du Louvre. La construction de l'Eninnu, consacré à Ningirsu, fut la principale entreprise et la principale préoccupation du règne de Gudea.
Le plan qui se trouve sur la tablette est représenté en projection orthogonale et figure vraisemblablement l'enceinte du sanctuaire de Ningirsu. Il suit les conventions de l'architecture mésopotamienne en briques crues et cuites : un mur épais renforcé de contreforts extérieurs, percé de portes fortifiées à redans, flanquées de tours. L'espace intérieur ainsi délimité forme une aire allongée, irrégulière, dépourvue de constructions. Sur chacun des petits côtés et à l'extérieur, des petites structures sont placées dans des renfoncements.
La règle graduée est mutilée mais on peut restituer seize sections, comportant des graduations de un à six séparées par des intervalles vides.
Une inscription royale votive
Gudea nous a laissé les inscriptions les plus longues que nous connaissions en sumérien, exaltant sa piété envers les dieux dans un idéal très différent du militarisme akkadien qui l'avait précédé. L'inscription se compose ici de trois cent soixante-huit cases réparties en neuf colonnes. Elle commence dans le dos, puis se développant sur les côtés, elle couvre la totalité du siège et le bas du vêtement de Gudea. Le texte débute par une liste d'offrandes régulières faites à la statue de Gudea, comme pour une statue de culte. Il s'agit en effet d'une "statue vivante", destinée à remplacer le prince devant son dieu pour l'éternité, et chargée de lui transmettre ses paroles, notamment le message que l'Eninnu a été construit selon les règles divines et les lois de la société. La titulature de Gudea, donnée après l'énumération des offrandes, révèle que tous les dieux du panthéon de Lagash lui ont conféré la principauté et les qualités nécessaires pour l'assumer. Le récit de la construction de l'Eninnu énumère les pays étrangers qui ont fourni les matériaux : cèdres de l'Amanus, pierres du nord de la Syrie, butin pris en Elam, ce qui révèle la puissance de Lagash. Taillée selon les rites, la statue est réalisée en diorite, une pierre qui est considérée comme un matériau noble, plus durable que les autres car plus difficile à détruire. Elle reçoit un nom et la parole, et une place sur le parvis du temple de Ningirsu, sous le regard duquel elle est placée. L'inscription se termine par une longue malédiction contre les éventuels profanateurs. Les princes ultérieurs ont pris acte de ces paroles, puisque les rois de l'empire d'Ur III honorèrent la mémoire de Gudea par des libations et des offrandes, comme il est écrit sur la statue.
Lorsque Hammurabi devient roi en 1792, Babylone est une puissance moyenne entourée par trois ensembles politiques plus forts qu'elle: les royaumes de Larsa, d'Eshnunna et de Haute Mésopotamie.
Au sud-est s'étend le royaume de Larsa, qui a connu une fortune considérable depuis sa création par les chefs d'une tribu amorrite au début du deuxième millénaire, après la chute de la IIIe dynastie d'Ur (- 2002). Le dernier roi de Larsa, Rim-Sin, vainqueur d'Uruk, a annexé le royaume d'Isin (- 1794), reconstituant ainsi l'unité politique de Sumer. Hammurabi, après un raid sur Isin et Uruk en 1784, comprend qu'il n’a pas la puissance militaire suffisante pour remporter un succès décisif sur Rim-Sin : il attendit vingt ans.
Au nord-est, la vallée de la Diyala, trait d'union entre la plaine mésopotamienne et le plateau iranien riche en matières premières, constitue la colonne vertébrale du royaume d'Eshnunna qui connut une expansion considérable aux XXe et XIXe siècles.
Au nord-ouest, la Haute-Mésopotamie a été unifiée par Samsi-Addu, originaire d'Agadé (Akkad) ; il remonte la vallée du Tigre, s'installe à Ekallatum, puis annexe Assur (- 1807) et toute la région du triangle du Habur. Il s'établit alors à Shehna, qu'il renomma Shubat-Enlil (Tell Leilan) et finit par conquérir le royaume de Mari sur le Moyen-Euphrate (vers - 1792).
Au-delà de ces trois voisins, d'autres puissances considérables occupent le Proche-Orient et jouent un rôle non négligable dans le destin de Babylone, la Syrie occidentale et l'Iran.
Pendant les dix-huit premières années de son règne, Hammurabi gère la Babylonie héritée de son père. A la mort de Samsi-Addu en 1775, les royaumes qu'il avait annexés reprirent leur indépendance. Zimri-Lim s'installe à Mari. Dans un premier temps, le principal bénéficiaire du démembrement de l'empire de Samsi-Addu fut Eshnunna. Son roi manifesta sa volonté de domination au point que le puissant empereur d'Elam décida au bout de quelques années d'envahir la Mésopotamie. Les rois de Mari et de Babylone lui prêtèrent main-forte, trop heureux de contribuer à la chute de leur remuant voisin : Eshnunna tombe en 1765. Mais la brutalité de l'empereur élamite convainc Hammurabi de faire volte-face en s'opposant à lui avec le soutien des rois de Mari et d'Alep.
Hammurabi s’oppose alors au roi de Larsa, Rim-Sin. Le royaume de Babylone annexe le royaume de Larsa et devient la plus grande puissance de la région. Hammurabi force les rois locaux de la région du Djebel Sindjar à se soumettre, puis il obtient une victoire décisive sur le roi d'Eshnunna (- 1760). L'année suivante, les troupes babyloniennes envahissent le royaume de Mari : après quelque mois d'occupation, le palais, vidé de ses trésors, fut livré aux flammes et la ville abandonnée (- 1757).
Dès lors, le Proche-Orient est divisé en deux zones d'influence: Alep à l'ouest et Babylone à l'est. Hammurabi agrandit sa zone d'influence vers le nord ; dans le prologue de son Code il dit contrôler Ninive et Assur. A sa mort en 1750, il légue à son fils Samsu-iluna un immense royaume, qui s'étend du Golfe au Moyen-Euphrate et au Moyen-Tigre. Les descendants de Samsu-iluna réussissent à garder plus ou moins le contrôle de la vallée du Moyen Euphrate jusqu'à Terqa, mais la diminution de leur territoire et des problèmes chroniques d'alimentation en eau rendent l'économie du royaume très précaire. Des mercenaires originaires du Zagros, les Kassites, prennent de l'importance dans l'armée et ils finissent par occuper le trône après un raid du roi hittite Mursili Ier qui mis fin au règne de Samsu-ditana peu après 1600.
- Code de Hammurabi, roi de Babylone
Le Code de Hammmurabi est l'emblème de la civilisation mésopotamienne. La haute stèle de basalte érigée par le roi de Babylone au XVIIIe siècle av. J.-C. est une oeuvre d'art, un ouvrage historique et littéraire et le recueil juridique le plus complet de l'Antiquité, antérieur aux lois bibliques. Transporté par un prince du pays voisin d'Élam en Iran, au XIIe siècle av. J.-C., le monument fut exposé sur l'acropole de Suse au milieu d'autres chefs-d'oeuvre mésopotamiens prestigieux.
Une tradition juridique
Cette stèle de basalte a été érigée par le roi Hammurabi de Babylone (1792-1750 av. J.-C.) probablement à Sippar, la ville du dieu-soleil Shamash, divinité de la Justice. D'autres exemplaires de ce monument, qui s'inscrit dans une tradition, étaient déposés dans les villes de son royaume. Deux compositions juridiques sumériennes, celles du roi Ur-Namma d'Ur (vers 2100 av. J.-C.) et de Lipit-Ishtar d'Isin (vers 1930 av. J.-C.), précèdent l'oeuvre de Hammurabi. Recueil juridique le plus important du Proche-Orient ancien puisqu'il a été rédigé avant les lois bibliques, le code se définit comme l'aboutissement de ces essais. Le texte, qui occupe la majeure partie de la stèle, constitue la raison d'être du monument. La scène figurée qui le domine représente le roi recevant l'investiture de Shamash. Remarquable par son contenu juridique, cette oeuvre est aussi une source exceptionnelle pour notre connaissance de la société, de la religion, de l'économie et de l'histoire événementielle de cette époque.
Le contenu du Code
Le texte est rédigé en écriture cunéiforme et en langue akkadienne. Il se divise en trois parties :
- un prologue historique relate l'investiture du roi Hammurabi dans son rôle de "protecteur du faible et l'opprimé", ainsi que la formation de son empire et ses réalisations ;
- un épilogue lyrique résume son oeuvre de justice et prépare sa perpétuation dans l'avenir ;
- ces deux passages littéraires encadrent près de trois cents lois ou décisions de justice, se référant à la réglementation de la vie quotidienne dans le royaume de Babylone. La partie légale reflète la langue quotidienne ; l'écriture est ici simplifiée, car le roi voulait qu'elle soit comprise par tous. Par contre les décisions de justice sont toutes construites selon la même structure : une phrase au conditionnel énonce un problème de droit ou d'ordre social ; elle est suivie d'une réponse au futur, sous forme de sanction pour le fautif ou de règlement d'une situation : "si un individu a fait telle action, il lui arrivera telle chose".
Regroupés en chapitres, les sujets abordés couvrent les droits pénal et civil. Les plus importants concernent la famille, l'esclavage, le droit professionnel et commercial, agricole et administratif. Des mesures économiques fixent les prix et les salaires. Le chapitre concernant la famille, fondement de la société babylonienne, est le plus important : il traite des fiançailles, du mariage et du divorce, de l'adultère et de l'inceste, des enfants, de l'adoption et de l'héritage, des devoirs de la nourrice. Les cas sont abordés sous tous leurs aspects, ce qui
La signification du monument
Le Code de Hammurabi a d'abord une valeur de modèle, en tant que traité de l'exercice du pouvoir judiciaire, écrit selon l'optique de la science mésopotamienne qui ne s'élève jamais du particulier au général. L'observation de plusieurs cas semblables ne donne pas lieu à l'énoncé d'un principe général et universel, c'est-à-dire à une loi. Il ne s'agit pas en effet d'un code de lois dans le sens où nous l'entendons aujourd'hui, mais plutôt d'un recueil de jurisprudences. Les contradictions et illogismes que l'on peut relever (deux cas semblables entraînant des résultats différents) s'expliquent par le fait qu'il est ici question de jugements particuliers dont on a enlevé les éléments trop intimes, par exemple le nom des protagonistes. Parce qu'en Mésopotamie la justice était une prérogative royale, Hammurabi présente un choix des décisions de justice les plus sages qu'il a dû prendre lui-même ou ratifier.
Mais, plus qu'un simple instrument d'éducation, cette stèle est bien un code des règles et prescriptions établies par une autorité souveraine et donc un code de lois. Il ne comporte pas seulement une liste d'arrêts de justice, mais aussi un catalogue des villes et territoires annexés au royaume de Babylone. La stèle de son roi Hammurabi se veut le bilan d'un des règnes les plus prestigieux de l'ancienne Mésopotamie. Écrite dans les dernières années de la vie du souverain, elle est un testament politique destiné aux princes à venir auxquels elle propose comme modèle un idéal de sagesse et d'équité. Le Code servit en effet de modèle littéraire pour les écoles de scribes qui le recopièrent pendant plus de mille ans.
- Statuette d'homme agenouillé dit « l'Adorant de Larsa
Le personnage qui porte un bonnet à haut bord, proche de la coiffure royale, est à demi agenouillé, une main devant la bouche dans l'attitude de la prière. Sur le socle, il est représenté dans la même position face à une divinité assise. Une longue inscription indique que la statuette a été dédiée au dieu Amurru ou Martu, dieu-patron des Amorrites, par un homme de la ville de Larsa, pour la vie de Hammurabi.
Le visage et les mains sont recouverts de feuille d’or.
Une petite vasque à offrandes est fixée à l'avant du socle
- Tête royale dite « tête de Hammurabi »
Cette tête représente un prince qui régna probablement avant Hammurabi de Babylone, en effet certains détails stylistiques comme la forme de la barbe, la disposition des cheveux sur le front ou des bouclettes dans le cou indiquent une date antérieure au règne de Hammurabi.
L’intérêt de cette œuvre est sont réalisme. En effet le personnage est représenté avec un visage émacié, des traits marqués par les rides, les yeux mi-clos, signes d’un homme âgé ou fatigué et non idéalisé comme de coutume ;
Susse, Diorite
- Plaque à décor en relief dite “ La Reine de la nuit ”
Cette plaque en terre cuite a été fracturée (probablement par une point de pioche pendant les fouilles) et partiellement restaurée. Les décors sont typiques de l’époque Hammurabi.
Il reste des traces de peinture qui indiquent que l’œuvre était peinte en rouge et blanc sur un fond noir.
Le personnage représenté est certainement une déesse majeure à cause du bonnet de cornes et des signes du pouvoir dans chaque main : l’anneau et le bâton transformation de la corde et du piquet d’arpenteur. On suppose qu’il s’agit d’Ishtar déesse de l’amour et de la sexualité, en particulier à cause des lions (ses emblèmes), la nudité et les formes généreuses.
Mais il se peut qu’il s’agisse de sa sœur Ereshkigal déesse des enfers. En effet, la présence des hiboux, oiseaux de nuits liés à la mort, le fonds noir et le fait que les ailes soient repliées vers le bas et non déployées ver le ciel, militent envers la seconde hypothèse.
A moins qu’il s’agissent d’Ishtar de a nuit, étoile du soir, complice et protectrice des amours de la nuit : La reine de la nuit.
Plaque de terre cuite à décor moulé en haut-relief
H. : 49,5 cm ; l. : 37 cm ; ép. : 4,8 cm
Epoque paléo-babylonienne, début du IIe millénaire av. J.-C, règne de Hammurabi ( ?)
Londres, British Museum
Profitant d’une crise de succession, Nabopolassar, un personnage de souche obscure probablement originaire de la Province du Pays-de-la-Mer, (région bordant le Golfe Persique), s’empare du pouvoir à Babylone en 626 et s’y fait proclamer roi. Pendant les années qui suivent, Nabopolassar et ses alliés les Mèdes combattent les Assyriens. Ninive tombe en 612 et l’empire assyrien s’écroule. En automne 605, Nabuchodonosor II hérite de la Babylonie à la mort de son père et repart au combat contre les Egyptiens et les Arabes.
Les deux tiers de la durée de vie de l'empire néo-babylonien sont occupés par un seul règne, celui de Nabuchodonosor II, qui occupe le trône pendant 43 ans (605-562 avant J.-C.).
Son souci de défendre Babylone et la Babylonie contre toute attaque possible oblige Nabuchodonosor à renforcer l'appareil défensif de la ville, ce qui inspire à ses architectes des réalisations grandioses ; la ville est enclose dans un formidable système défensif, consistant en deux enceintes qui en font une place-forte redoutée et admirée par ses ennemis ; les murailles internes sont percées de huit portes, dont la porte d’Ishtar, reconstruite plusieurs fois au cours du règne de Nabuchodonosor et qui devint l'un des symboles de la puissance de Babylone et de sa magnificence ; à travers elle, passait la voie processionnelle de Marduk.
Pour construire le « Grand Palais » (palais Nord), Nabuchodonosor fit bâtir une grande structure en terrasse ; il est possible que des “ jardins suspendus ” aient pris la forme de gradins descendant en paliers successifs jusqu’au fleuve, bordé par un parc.
Au cœur de Babylone, près du cours de l’Euphrate, se trouvait le complexe cultuel le plus important du royaume : le sanctuaire du dieu suprême Marduk, formé de deux ensembles architecturaux, dont la fameuse tour à étages Etemenanki, la « maison, fondement du ciel et de la terre ». C’est ce lieu qui nourrit encore aujourd’hui l’imagination des hommes, et qui est considéré comme le cadre biblique de la construction de la Tour de Babel (Genèse 11, 1-9).
A sa mort, survenue en 562, Nabuchodonosor II lègue à ses successeurs un empire s’étendant sur la Mésopotamie et le Levant ; sa succession (il aurait eu cinq fils) entraîne une période d’instabilité qui dure plusieurs années ; c’est Amel-Marduk qui succède à son père (556-554) mais son court règne se termine par une conjuration au terme de laquelle un certain Nériglissar, son beau-frère, s’empare du trône ; ce dernier connaît un règne court dont le seul événement connu reste une campagne en Cilicie ; à sa mort en 556, son fils Labashi- Marduk monte sur le trône mais succombe trois mois plus tard à une autre conjuration de palais qui porte au pouvoir un certain Nabonide, probablement originaire d’Harran en Syrie du nord et d’ascendance culturelle assyro-araméenne. Les origines harraniennes de sa famille expliquent sa dévotion pour le dieu lune Sin. Nabonide conclut, semble-t-il, une alliance avec Cyrus ; une guerre éclate entre les Perses et les Mèdes tandis que Nabonide part en campagne en Arabie ; il s’établit dans l’oasis de Tayma où il aurait construit une réplique du palais de Babylone. Pendant cette période, son fils Balthazar dirige à Babylone.
Revenu à Babylone à l’automne 543, Nabonide s’occupe de promouvoir le culte du dieu-Lune, provoquant ainsi la colère des clercs du dieu Marduk. Durant l’été 539, les Babyloniens s’attendent à une offensive perse d’envergure : Nabonide fait envoyer les statues des principaux dieux du royaume vers la capitale pour les protéger d’une capture éventuelle. L’invasion attendue a lieu au début octobre. Les armées babyloniennes sont écrasées à Opis non loin de l’actuelle Baghdad, et le 12 octobre l’armée perse entre à Babylone, mettant un terme à l’histoire de l’antique Babylonie comme entité politique
- Panneau de briques en relief : Dragon passant à droite
Ce panneau appartenait au décor de la Voie Processionnelle de Babylone. Il a été restauré et assemblé à Berlin d’une manière parfaite en contradiction avec son état originale ce qui a choqué l’archéologue Walter Andrae chargé des fouilles. Les reliefs suivants furent restaurés d’une manière plus naturelle. Le dragon est l’attribut de Marduk, dieu de la ville de Babylone.
La Voie Processionnelle, mise au jour au cours des fouilles allemandes de Babylone, est partiellement reconstituée au Vorderasiatisches Museum de Berlin.
H. : 1,16 m ; L. : 1,67 m ; ép. : 8 cm
Règne de Nabuchodonosor II, début du VIe siècle av. J.-C (dernier état de la Porte d’Ishtar)
Babylone, Porte d’Ishtar. Fouilles Koldewey 1902
Vorderasiatisches Museum Berlin
- Panneau de briques : lion passant
Ce panneau appartenait au décor de la Voie Processionnelle de Babylone qui conduisait du temple de Marduk au temple de l'Akitu, en passant par la Porte d'Ishtar. Le lion est l'animal attribut de cette déesse. Le cortège des prêtres empruntait cette voie lors des cérémonies de la fête du Nouvel An qui se déroulait à l'équinoxe de printemps.
- Statuette inscrite du démon Pazuzu
Pazuzu appartient à ces divinités démoniaques du monde souterrain, dont la personnalité est parfois utilisée à des fins bénéfiques. Cette statuette de bronze est l'une de ses plus parfaites représentations. L'inscription qui couvre le dos des ailes définit sa personnalité : "Moi, Pazuzu, fils de Hanpa, roi des mauvais esprits de l'air qui, des montagnes, violemment, en faisant rage, sort, je suis
Un être mythologique hybride
Pazuzu apparaît au Ier millénaire av. J.-C. sous cet aspect hybride : une créature à corps d'homme et à tête de "dragon-serpent" grimaçant qui tient à la fois du chien et du félin. Il est représenté sous la forme d'un génie tétraptère, avec ses deux paires d'ailes qui sont, comme ses pattes, empruntées aux rapaces. Affublé d'une queue de scorpion, son corps est le plus souvent recouvert d'écailles.
Un rôle protecteur
L'inscription qui couvre le dos des ailes définit sa personnalité : "Je suis Pazuzu, fils de Hanpa. Le roi des mauvais esprits de l'air qui sort violemment des montagnes en faisant rage, c'est moi !" Pazuzu est un démon lié aux vents maléfiques, notamment aux vents d'ouest qui sont porteurs de la peste. Son visage effrayant et grimaçant comme son corps écailleux repoussent les forces du mal. Dans certaines circonstances, il peut être appelé en tant que protecteur. En effet, ce démon issu du monde infernal avait le pouvoir de chasser d'autres démons et était donc invoqué à des fins bénéfiques, en particulier pour renvoyer aux enfers sa femme, Lamashtu, s'attaquant aux hommes pour leur apporter quelque maladie.
Une image de prédilection à l'époque assyrienne
Pazuzu est largement représenté dans l'art assyrien du Ier millénaire, que ce soit sur de nombreuses statuettes de bronze ou des amulettes protectrices : celles-ci étaient toujours réalisées dans des matériaux variés, modestes comme la terre cuite ou plus précieux, comme la stéatite ou le jaspe. À cette époque, les croyances et les pratiques magiques liées à la personnalité de ce démon prolifèrent. La bélière au sommet de la statuette laisse supposer que ce type d'objets était porté au cou ou suspendu dans les habitations, plus précisément dans la chambre des malades. D'autres exemples de divinités démoniaques du monde souterrain, tels Bès ou Humbaba, sont également attestés dans le monde de l'Orient ancien.
- Statuette de déesse nue debout
Des figurines nues, en albâtre, réalisées à l'époque parthe, entre le IIe siècle avant Jésus-Christ et le Ier siècle après Jésus-Christ perpétuent une technique millénaire, celle de la sculpture composite mêlant plusieurs matériaux. Souvent assimilées à Ishtar, déesse mésopotamienne de la sexualité et de la fertilité, ces statuettes de style gréco-babylonien étaient déposées dans les tombes.
Celle-ci est en albâtre avec un croissant de lune en bronze doré et des rubis dans les yeux et le nombril. Ces rubis sont les plus anciens connus à ce jour. Les bras étaient initialement articulés par des fils d’or.
Nécropole de Hillah, Babylone, Mésopotamie
Albâtre, rubis, or
H. : 24,80 cm.